jeudi 13 novembre 2014

Candauliste VIP

John souriait de cette situation, il en avait pourtant vu, vécu d'autres plus surprenantes, parfois aux limites de l'incongruité, et son imaginaire lui avait laissé écrire des moments parfois étonnants. Il était là assis sur une petite estrade, devant un piano à queue, servant ce soir -là de desserte à champagne, il observait ce large double salon bourgeois. 

Ses hôtes l'avaient invité pour ses talents d'écrivains, pour ses yeux aiguisés qui voyaient certes le spectacle, mais croquaient avec humour et parfois un peu d'acidité les mouvements face à lui. Candauliste en première calsse, voyeur ou esthète, il avait le choix, mais il profitait de ce défilé d'élégance de couples nombreux, de personnes polies et en début de soirée, plutôt chics. On lui avait fourni le champagne millésimé, des petits fours salés et tapas, le service étant assuré par un duo de jeunes hommes efféminés sobrement habillés d'une jupette, de bas et de talons hauts, lointain souvenir d'une cage aux folles. Ils évoluaient au milieu d'une soirée entre amis où l'on se souriaient entre costumes impeccables et robes longues. 

Certes les mains se faufilaient derrière, des baisers devenaient langoureux entre couples, les transparences avivaient les flammes intérieures. On discutait, John pariait sur la lingerie de chacune, sur les tenues et les courbes, sur les affinités de chacun.

Après une bonne heure et plusieurs plateaux de petits fours avalés, des magnums de champagne vides de toutes bulles, la maîtresse de maison revint en simple guêpière de latex noire luisant, des bas noirs sublimes sur des talons infinis. Elle lança la soirée d'un court discours, les folies commencèrent, John nirçit de ses mots plusieurs pages, les yeux à l'affût.



Chacun et chacune avaient eu le temps de choisir sa proie, sa victime consentante pour des duos, mais aussi des trios et quelques quatuors. Au son lyrique de morceaux choisis d'opéras italiens ou allemands, les corps se déshabillèrent totalement ou partiellement. Les femmes , de toutes morphologies avaient choisi avec soin leurs lingeries. Corsets, guêpières, serre-tailles, des versions rétro, des dentelles légères, des culottes absentes, des strings proche de l'extrême minimalisme, et pour une charmante brune les jambes en l'air devant John, dans un fauteuil club, c'était un collier de perle entre ses lèvres, aussi beau que celui autour de son cou.

Soutien-gorges ouverts, seins malaxés, sucés, léchés, absorbés par des bouches de tous sexes, les femmes étaient à l'honneur, elles choisissaient leurs bonheurs multiples. Plusieurs mains, plusieurs sexes aussi, plusieurs caresses et tant de variantes entre la fougue brutale qui faisait crier une blonde en levrette au fond, devant les fenêtres, avec plusieurs mâles, mais aussi la douceur lente de certains sur des croupes arrondies, juste avec leurs langues entre les cuisses. Des petits cris, des larmes de bonheur, des jouissances hurlantes, des dentelles sur les tables basses entre deux flûtes, des chaussures perdues dans une roulade charnelle, des canapés utilisés dans tous les recoins possibles.   




L'important n'était pas un concours du nombre de pénétrations, même si la blonde gloutonne était parti avec un petit groupe vers une chambre voisine, et continuait à chanter l'opéra dans toutes les octaves, sauf quand sa bouche semblait pleine; mais c'était une quête de plaisirs. 

Le duo de serveurs apporta sur des plateaux d'argent quelques amuse-bouches, entre dildos vibrants, godemichets impressionnants en diamètre, des gode-ceintures qui trouvèrent des amatrices. Un martinet en vinyl circulait, un invité demanda à être attacher, mais le maître de maison présent entre ses fesses lui annonça que ce serait pour la prochaine soirée. 

John contemplait, dégustant ce vieux millésime de champagne, un de ces dadas personnels, écrivant encore et encore les volutes des plaisirs charnels, qui se bousculaient face à lui. Il appréciait les bas nylon, notait les coutures plus élégantes, les choix de motif panthère caché sous une robe longue naguère. Certaines invitées s'absentaient quelques minutes, revenaient ensuite en tenue plus fetish, plus cuir, avec des chaînes, les mêmes qui se promenaient avec une robe étrennée dans une soirée avec l'ambassadeur. Le chic laissait voir parfois du vulgaire, mais aussi de belles excentricités ou des désirs savamment choisis. Certaines patientaient en se masturbant, attendaient les services de l'une ou de l'autre pour assouvir une position, une pulsion humide.


La musique dominait ce petit monde, tous jouissaient de leurs envies, de pouvoir se mêler à d'autres, de donner leur corps à d'autres, de recevoir des douceurs mais aussi des féroces envies. Tout comme eux, sans flash, John annotait des clichés de ce spectacle humain, de ces cocktails épicuriens. Il savourait.




Maître STEED





1 commentaire:

Duonylon a dit…

Monsieur STEED vous avez des réels avantages que nous vous envions.