lundi 24 juin 2013

Dernier été

John avait pris sa plume, un stylo d'encre noire sur du papier blanc.


Un regard sur la pluie incessante sur les vitres, un autre sur des passions qu'il trouvait inaccessible, des livres inachevés, des bouteilles de vins qu'il ne boirait pas, qu'il ne partagerait pas. Quelques photos, et tant de livres, un bureau un peu en bazar, des souvenirs.





Il gardait en tête les rencontres furtives ou les soirées longues dans la nuit jusqu'au petit matin. Un univers de libertinage aux yeux des bien-pensants, un univers d'amitié parfois avec certaines personnes, bien au-delà des corps, de la chair et de leurs orifices sexuels. John avait aimé les douceurs, les échanges, les dons et les partages de sensations, d'émotions. Explorations, surprises, découvertes, les variations étaient nombreuses, avec des ambiances complices et chaque fois renouvelées. Lingerie, vêtements, nudité, il savait créer un univers voluptueux. Chacune, chacun prenait, donnait, jouissait.





Demain serait différent, John était fatigué de tout cela, il avait préparé un sac, un long chemin se déroulerait devant lui, une marche vers un point sur une carte, des pas, la tête vide, la tête pleine de ses délicates expériences. Une quête sensuelle dont il ne voulait croire atteindre un graal de soie, il se contenterait des beaux souvenirs, sans nostalgie, avec des envies de rappel, avec le sourire intérieur de bonheurs si bien partagés. Il marchera pour se libérer de tout cela, pour s'oublier un peu lui-même, se déconnectant des autres.





Il voulait un silence, un long silence dans la nature, loin de la société oppressante des humains, devenue inhumaine par ailleurs. Alors il marcherait avec ce passé, ces courbes caressées, ses jeux de langues, ses jeux de doigts, ses yeux imprégnés d'esthétisme, de silhouettes si variées, de bas nylon.


Avec un point final à cette histoire, celle de ces textes,  celle de son imaginaire, celle de la volupté des femmes, celle de sa sensibilité, celle de son fétichisme soyeux envers les belles en bas nylon. Tout était rangé, classé, près pour un archivage, un oubli.






THE END ...





"  Mr Steed,  you're needed ! ", message reçu








lundi 17 juin 2013

Troublant Printemps

Il avait pu écrire encore un peu, somnolant devant son clavier, épuisé par cette météo qui lui avalait sa lumière du jour, qui jouait au yoyo avec des journées chaudes comme en plein été, des journées froides comme un automne sans fin. Son bureau était devenu un bazar accumulant les livres, les pages manuscrites avec son stylo, écrites dans toutes les positions, dans tous les types de transport, ici et là, rien ne l'arrêtait quand il devait délivrer des phrases. Mais la fatigue l'absorbait. Celle de cette pluie qui sonnait encore aux vitres, et celle de cette société qui vivait sans humanité. Il se sentait un peu seul.






Il écrivait sur le clavier de gauche, et sur les deux autres écrans, reliés à internet et à d'autres activités, il voyait défiler les messages. Parfois il ouvrait des bulles d'amitié, des croisements du passé qui refaisaient surface. Libertin mais plutôt épicurien, il avait été, il était probablement aux yeux des gens si fidèles, parfois si tristes, si aigris même, aussi avait-il un regard sur ces amis-là. Sur ces quelques dégustations charnelles, il n'avait gardé que très peu d'amis réels, car le plan cul, le plan soif de cul ne lui laissait en général qu'une vapeur incertaine quand il retournait à son véhicule, comme une gourmandise, trop vite mangée, trop vite avalée, sans saveur encore en bouche. Lui aimait tant prendre son temps, s'appliquer à connaître ses comparses, à leur donner le meilleur de lui-même, à partager avec eux, des complicités devenant un jour amitié.





Seul, regardant le jardin, il pensait à ces rencontres, à ce jardin où il aimerait partager du champagne pour une fête, à deux, à plusieurs, entre bulles festives et élégantes en lingerie fine. Il rêvait depuis des années à ce moment, une magie sans message préparatoire, juste quelques consignes pour des bas nylon quasi obligatoires, des talons hauts, mais une liberté pour les dames, un costume pour les hommes. Un instant magique. La vitre était embuée de grosses gouttes perlant vers le bas, chargées d'eau, encore et encore.



Seul il voyait sous cet arbre, des lumières, des petites bougies au sol, des tables avec des nappes blanches, des tapas frais, des montagnes de glaces, de cupcakes colorés, de douceurs acidulées, de madeleines, de macarons, et à côté des verres, avec du vin. Sauternes moelleux et liquoreux, des bouteilles anciennes pour le plaisir des amatrices de découvertes, vins blancs de Bourgogne, vins rouges de France et d'ailleurs, champagne bien sûr et plutôt en magnum, dans les bacs de glace disposés près de tous. Chacune et chacun ayant sa flûte, son sourire, uniquement des sourires, et puis certaines dames avec uniquement un haut de mode, la jupe ayant déjà disparue au vestiaire. Certaines avaient joué de rubans pour laisser leurs robes se soulever soit devant, soit derrière. Elles choisissaient leurs atours.







Epicurisme, beauté des fessiers de toutes tailles, des rondeurs gourmandes, des fesses plates aussi, chacun regardant avec envie, avec respect les beautés, savourant le champagne en observant le plus beau de l'Homme, les Femmes ! Sensualité, bas nylon à couture, de toutes teintes, des plus opaques brillants vers les plus fins de teinte soleil, des couleurs. Des cuisses portant le bas très haut, au raz de la dentelle fine, pour d'autres des bas plus proche du genou, à l'ancienne, avec des jarretières vintage. Le menu des voyeurs esthètes étaient si variés.






Seul dans son désir, il se retourna vers son bureau, vers ses écrans, alluma la lumière car le gris du ciel persistait. Lui avait l'esprit plutôt de couleur rose, une teinte très douce, très proche de la chair d'une fesse imaginaire. Il ferma les yeux, respira fort, sans souffler et reprit son écriture.






M. Steed 



jeudi 6 juin 2013

Nuit & Bas nylon

La nuit avait envahie le ciel de printemps, tardivement, avec une douce chaleur.

Soudain une vibration et une sonnerie cristalline dans le noir.

Emma saisit son téléphone posé à côté de son lit. La sonnerie permettait d'identifier les messages envoyés par John. Quelques clics pour voir les mots de son gentleman, son homme :   "Baisers du soir,   Emma. Dormez-vous?"

John était insaisissable, ici et là. Elle et lui usaient, et parfois abusaient, de toutes les nouvelles technologies pour effacer les distances géographiques entre eux. Des kilomètres réels si lointains.

Elle répondit "Sourire. Je lisais avant, cherchant à oublier que la douceur de votre peau me manque.  Baisers soyeux. "

Nouvelle sonnerie "Que portez-vous ?...si vous portez quelque chose ?  Sourire."

Ces messages furent les premiers d’un long dialogue par sms.

Elle répondit à nouveau "La si belle nuisette en soie grise que vous m’avez offerte, une façon de penser à vous quand vous n’êtes pas là."




Emma utilisa l’appareil photo de son téléphone et prit un cliché de profil, allongée, qu’elle envoya immédiatement.

"Hummm…c’est un beau choix, si douce sous mes doigts, sur votre peau. Soyez mes mains, passez les vôtres sur la soie en caressant vos seins,  vos hanches, ce doux renflement en bas de votre ventre…Faites-le pour moi."

Emma avait posé son livre. Elle obéit à la si douce injonction de John, elle ferma les yeux pour que ses mains sentent sa peau vibrer à travers cette étoffe si soyeuse, si douce, comme si c’était lui qui promenait ses doigts sur elle. 

"Est-ce bon ?"

"Oui, mais pas aussi délicieux que lorsque je vous sens tout près de moi, que je peux sentir vos caresses et vous respirer en même temps. Votre parfum me manque aussi."

"Emma, levez-vous et ôtez votre nuisette, comme si c’était moi qui vous dénudais.  Faites glisser chacune des bretelles sur vos épaules et laissez la glisser le long de votre corps jusqu’au sol. Lentement, savourez l’effleurement du tissu sur votre ventre, sur vos hanches, sur votre mont de Vénus lisse, entre vos cuisses, sur vos lèvres."

Emma quitta son lit et se mit debout devant le grand miroir de sa chambre, elle imagina John devant elle, son regard qui se posait sur elle, qui l’enveloppait, qui la caressait. Elle fit comme l’avait suggéré John et s’étala à ses pieds une flaque de soie et de dentelle.

Elle prit une nouvelle photo…cadrant le cliché pour qu’il montre ses jambes au milieu de cette flaque si soyeuse. 

Un regard vers le miroir, en pensant encore à son homme, l’imaginant assis dans le grand fauteuil club à côté , tournant les yeux vers lui, elle se vit  le rejoignant en quelques pas pour l’entourer de ses bras, pour mettre sa tête au creux de ses seins en l’embrassant et en lui caressant le nuque, pour se sentir tout contre lui, sa peau nue à elle contre lui, le contact du tissu de sa veste ou de sa chemise contre ses seins, cette sensation délicieuse d’être intégralement nue dans ses bras à lui, encore habillé.




Un nouveau bip la tira de ses songes.

"Quelle belle image ! Maintenant, parez-vous , comme si c’était pour moi, douce Emma…des bas opaques noirs coutures…ceux que nous aimons tant tous les deux, le porte jarretelle que vous portiez la dernière fois que nous nous sommes vus, un soutien-gorge de dentelle et de satin…noir, une fine culotte de dentelle noire et des escarpins noirs, les plus hauts. Juste cela. De la douceur et de la transparence pour envelopper vos seins, vos courbes… pour la culotte, prenez plutôt la seconde, celle qui a été .... revisitée avec les ciseaux."

Emma continua de découvrir les règles de ce jeu délicieux; Délicatement le suivit. Elle mit le porte-jarretelle autour de sa taille, refermant délicatement chacune des attaches. Elle enfila lentement ses bas, savourant le glissé du nylon le long de ses jambes, le silence qui mettait en valeur ce crissement presque imperceptible, elle attacha l’une après l’autre les douze jarretelles, un plaisir décuplé car elle prenait autant de plaisirs que lui à porter, à ressentir ces matières soyeuses, à tendre les élastiques.






Elle se regarda à nouveau dans son miroir, savourant l’image qui s’y reflétait, une palette de noir et de chair, de peau, de soyeux et de transparence. Son image si différente de celle qu'elle avait longtemps cru être, une image si sensuelle, un brin érotique avec ce contexte, si féminine tout simplement. Mais surtout une image qui la rassurait, sa beauté se jouait de cet ensemble.

Toujours imaginant John dans ce fauteuil, elle se glissa dans son soutien-gorge. Elle resserra ses mains autour de ses seins, elle pensait à son homme et son désir était si intense. Encore quelques clics avec son téléphone pour lui.

"Délicieux…maintenant allongez-vous sur votre lit.  Pensez à moi.  Passez vos mains sur les courbes de votre corps que j’aime souligner de mes doigts et de ma bouche.  Glissez vos doigts entre vos jambes, caressez-vous comme si j’étais là. "

Cette fois ci, elle répondit à John avec des mots "Votre injonction est délicieuse…et je vous obéis, Cher John. Je pense à vous, à vos doigts, à votre bouche. Ces gestes font monter une envie impérieuse en moi, une envie de vous en moi, profondément, de vous sentir au plus profond de mon sexe, de vous  prendre dans ma bouche. Tout de vous, en moi."


Emma rejoignit son lit et elle effleura la courbe de ses seins, tétons excités.




Puis, ses mains descendirent le long de son ventre et ses doigts glissèrent sous le tulle de son porte jarretelle…Elle caressa sa vallée des délices à travers la fine dentelle de sa culotte.


Encore une sonnerie.


"Caressez-vous encore, enfoncez vos doigts en vous, ajoutez vos boules de geisha qui vous plaisent tant. Ce petit plus qui vous titillent intérieurement. Mettez vos doigts, plusieurs comme s'ils étaient miens." 

Emportée Emma souleva son bassin pour glisser dans la fente de cette culotte, entre ses lèvres, les deux boules vibrantes.  Dans un profond relâchement, elle parcourut du bout des doigts toute la douceur de son mont de vénus, enfonça deux doigts puis trois entre ses lèvres, et se caressa d’abord doucement. C'était ainsi qu'elle aimait cette délicatesse. Ruisselante, comme lorsqu'il était là, imaginant son grain de peau, son parfum, les intonations de sa voix, son goût…

Frémissante, elle évoquait ces sensations pour aviver son propre plaisir, sa jouissance, comme s’il était là, comme s’il était en elle. Une bulle magique se forma autour de ce lit.

Elle jouit fort pour elle, pour elle et lui qui n’était pas là. 





Juste à ce moment, une nouvelle sonnerie annonça un message, alors qu’elle percevait le bruit lointain d’une clé dans la serrure de sa porte d’entrée :

"Je pénètre chez vous…je suis en vous dans quelques secondes."





Mots à quatre mains, Emma et M. Steed