mardi 27 mars 2012

Parchemin sensuel


Elle avait bougé, il s'était arrêté au milieu d'une phrase, sortant de son monde de voyelles et de consonnes, de virgules et de points. Elle lui souriait, avec souplesse, elle se retira de son dos, repliant ses jambes au sol, sur ses talons fins. Elle rayonnait, un feu soudain brûlait en elle, elle voulait un peu plus de lui, en elle, rapidement.




Il n'avait rien fait pour la charmer, il ne savait pas le faire, jamais il n'avait su user de son physique, mais parfois de quelques mots, de quelques rires, de jolies combinaisons et d'envolées de la langue française. Elle lui demanda d'enregistrer ses dernières émotions avec un point, de le suivre vers l'autre part du salon.

"Prenez votre plume, vous allez continuer ce texte."




Il se leva, bût rapidement des bulles, un liquide si léger, source lui aussi de sensualité, d'un envoûtement intérieur, pour ne pas voir la nuit avancer. Elle était vers la table, elle avait poussé deux chaises, elle l'attendait.

Le bleu de ses bas apparaissait, les revers maintenant, puis les jarretelles. La dentelle blanche d'une culotte, la folie des dessins si fins sur un organza voilé ; comme une touche de nuage blanc, là entre ses jambes. Elle enlevait sa robe bleue, fluide, enveloppant en core ses seins, sa cambrure, ses hanches de femme. Elle tirait le tout vers son cou, sa tête, pour libérer son corps de ce vêtement si fin, cette presque seconde peau. Elle offrit le regard sur son soutien-gorge de dentelle assortie à la culotte, deux autres nuages blancs, sa tête avait disparu quelques secondes dans le reste de la robe. Celle-ci était maintenant sur la table, cette femme était là, debout devant lui.


Uniquement en lingerie fine, en bas bleus, en talons vernis, avec toute sa volupté, son imperfection, son corps de femme libre. Il avait tout vu, tout observé, tout absorbé.


 


A son approche, elle se tourna, se cambra en se penchant vers la table, les bras posés dessus.

"Ecrivez la suite de votre texte sur mon dos, avec votre plume. Oui sur moi, sur ma peau, ce parchemin vivant."


Il sortit sa plume, son encre, commença ou plutôt continua avec son inspiration, quittant la tablette et son monde virtuel pour donner une oeuvre unique sur elle. Elle se lovait sous la plume, lui passant de son épaule vers le creux de sa nuque. Il écrivait de nouveaux mots, là sur cette peau qu'il n'avait même pas encore caressée. C'était une autre forme avec la pointe douce, glissante, les marques en noir sur cette peau claire.




Au-dessus, au-dessous de la ligne horizontale de son soutien-gorge, l'arrière, les mots s'aventuraient sur elle, elle respirait, inspirait, expirait, haletait sous les picotements de sa littérature. Elle ressentait maintenant sa liberté, sur elle, dans le dos, un peu sur le côté, osant se pencher vers son sein, il était sur le début de ses reins, juste à la limite de son porte-jarretelle blanc.

Elle se relâchait enfin, totalement de cette journée, elle faisait corps avec son oeuvre.

... à suivre ...


JohnSteed

5 commentaires:

François a dit…

La plume se fait main, le parchemin se fait corps, j'aime beaucoup cette idylle naissante, cette découverte intime, si douce et si enchanteresse, tant elle est porteuse de promesses... Je bois vos mots, cher John, mille mercis !
Bien à vous,
François.

françoisedu80 a dit…

Bonsoir John ,
Faire corps avec l'oeuvre ,vibrer sous la création des mots ,s'imaginer qu'ils s'enroulent pour habiller sa peau dans une sensualité à la limite du supportable , être le lutrin ,mais être le coeur de l'intrigue , épuisez toute l'encre , s'enrouler comme un phylactère !
Prolonger ce long moment , l'allonger de chapîtres encore et encore ...
Baisers

Isa a dit…

La caresse de ses mots n'est pas que pour charmer son cerveau, cette caresse devient physique, gravée sur son corps...sait-elle ce qu'il écrit, devine-t-elle leur sens...sa voix à lui est-elle une douceur de plus, une caresse encore plus bouleversante pour elle?

Texte sublime, Cher JohnSteed, et si vous continuez ainsi, les superlatifs vont manquer...faudra-t-il en inventer spécialement pour votre plume?

pussy a dit…

On ne sait jamais si vos textes sont plus proches de la réalité que du fantasme, j'espère juste que vous rencontrerez un jour une belle qui se prêtera à ce jeu, original, subtil et si excitant!

Cassiopée a dit…

J'ai toujours ce fantasme diffus de jouer le rôle du piano sur lequel un virtuose déroulerait sa partition, avec les blanches et les doubles-croches, les allegro et les forte, les souffles et les silences... voilà à quoi cet épisode m'a fait penser : être le cahier de l'écrivain me siérait aussi assez !